2010年1月18日 星期一

La Chine est-elle menacée par le "syndrome soviétique" ?

LE MONDE | 14.01.10 | 13h50 • Mis à jour le 14.01.10 | 13h50

Thierry Wolton est historien, spécialiste des systèmes communistes.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/01/14/la-chine-est-elle-menacee-par-le-syndrome-sovietique-par-thierry-wolton_1291681_3232.html

Cette année 2010 doit consacrer l'aura internationale de la Chine avec l'Exposition universelle de Shanghaï, en mai. La manifestation est voulue par Pékin comme le point d'orgue d'une offensive de charme qui a commencé avec les Jeux olympiques de l'été 2008. L'événement sera sans doute une fois de plus remarquablement maîtrisé par les autorités et les superlatifs ne manqueront pas pour saluer l'extraordinaire réussite de ce pays.

Tout cela n'est pas sans provoquer quelques réminiscences. Il y a un demi-siècle s'ouvrait une époque également triomphale - pour l'Union soviétique. La décennie 1960 avait été précédée par le voyage de Nikita Khrouchtchev aux Etats-Unis, en septembre 1959. Au cours de cette opération de relation publique, le numéro un soviétique avait promis que son pays ne tarderait pas à dépasser la puissance américaine.

S'ensuivit une vaste campagne de propagande destinée à accréditer cette thèse, ponctuée de réussites époustouflantes, dont l'envoi en 1961 du premier homme dans l'espace fut la plus spectaculaire. Pendant les vingt années suivantes, Moscou fournit des statistiques flatteuses sur la production de blé, d'acier, etc., qui accréditaient l'incontestable supériorité du mode de production socialiste.

On a appris récemment qu'un bureau spécial avait été créé par le Kremlin pour fournir les chiffres qu'attendait un Occident ébahi par cette success story. L'offensive fut complétée par un dégel sur le plan intérieur, puis par l'envoi à l'Ouest de quelques fleurons de la culture soviétique, comme les Choeurs de l'Armée rouge. A relire la presse de l'époque, convaincue que l'URSS serait, sans doute possible, la grande puissance de la fin du XXe siècle, on ne peut être qu'admiratif devant la force de conviction dont fit preuve Moscou ou stupéfait par notre extraordinaire naïveté.

Il est intéressant de se souvenir de ce qu'a fait le Kremlin de cette "opération de marketing" réussie : il a cru à sa propre propagande, conforté par l'image que nous lui renvoyions de sa puissance irrépressible. Les décennies 1960-1970 furent marquées par une poussée significative de l'URSS, et du camp socialiste en général, sur la scène mondiale, jusqu'à l'invasion de l'Afghanistan, en décembre 1979. Ces avancées paraissaient d'autant plus victorieuses que le camp occidental était alors en crise économique, avec le premier choc pétrolier de 1973, et morale, à la suite de la défaite américaine au Vietnam en 1975.

Sur le plan des rapports de forces internationaux, l'URSS pouvait réellement prétendre à un partage du leadership mondial avec les Etats-Unis. Sur le plan intérieur, l'"entrouverture" au monde qu'exigeait ce rôle de grande puissance se paya bien par quelques contestations. Elles furent promptement réprimées (Tchécoslovaquie en 1968, internement de dissidents...), souvent dans l'indifférence des démocraties qui ne voulaient pas se brouiller avec ce grand pays.

Il y avait là une certaine logique dont tout le monde était en fin de compte victime : les peuples subissant le joug communiste, qui ne pouvaient guère, ou si peu, compter sur un soutien occidental ; les opinions publiques de l'Ouest, tétanisées par une puissance que leur vantaient les médias ; les responsables des pays démocratiques, dont la pusillanimité encouragea le Kremlin à pousser toujours plus loin ses avantages ; enfin, les dirigeants soviétiques eux-mêmes, qui finirent par oublier combien leur empire était fragile. La suite est connue.

Or la "sinomania" actuelle est bien plus forte que ne le fut jamais la "soviétomania" d'antan. Elle s'est accentuée ces dernières années grâce à des mécanismes qui rappellent ceux qui firent la splendeur de l'URSS : une remarquable réussite économique soulignée par des statistiques flatteuses ; une certaine fascination des Occidentaux pour une culture, un mode de vie (voire une multitude) exotiques pour eux ; une montée en puissance sur la scène mondiale favorisée, voulue même, par les autres grands au nom de l'équité. Il est devenu banal de prédire que l'empire du Milieu sera le leader de notre planète avant la mi-temps de ce siècle. Croyance d'autant plus ferme que le monde occidental est à nouveau en crise.

La Chine nous apparaît aujourd'hui tellement éloignée de ce que fut la Russie soviétique d'hier qu'il peut sembler hasardeux d'établir le parallèle. Et pourtant... L'URSS et la Chine communiste ont suivi des voies similaires une grande partie du XXe siècle et, même lorsque leurs chemins ont divergé, elles ont poursuivi des politiques analogues, inspirées par la même idéologie. La poigne de Mao ne fut pas moins sanglante que celle de Staline. L'un et l'autre se lancèrent dans une industrialisation forcée au prix de millions de paysans morts, l'un et l'autre s'assurèrent d'un pouvoir absolu en terrorisant leur population.

Par la suite, le jovial Deng Xiaoping ne fut pas sans rappeler le débonnaire Khrouchtchev, l'un et l'autre rêvant de faire décoller une économie socialiste en panne grâce à la technologie occidentale. A partir des années 1990, l'offensive de charme de la Chine n'est pas sans similitude avec celle de l'URSS dans les années 1960-1970. Certes, les actuels dirigeants chinois ne ressemblent pas aux gérontes retranchés dans le Kremlin jusqu'à l'arrivée de Gorbatchev en 1985. Mais, justement, leur dynamisme ne rappelle-t-il pas, peu ou prou, le volontarisme de ce dernier, ultime espoir du communisme soviétique pour tenter de sauver le régime ? Ils s'en sortent, il est vrai, autrement mieux que lui en la matière.

Comparaison n'est pas raison, mais des systèmes de même nature peuvent générer des comportements politiques similaires. Le Parti communiste chinois a beau être le premier parti léniniste darwinien, comme l'a joliment dit Nicolas Bequelin, chercheur auprès de Human Rights Watch, c'est-à-dire capable d'évolution, il n'en reste pas moins un parti d'esprit totalitaire, engendrant des réflexes policiers pour ceux qui sont à sa tête. Du Tibet au Xinjiang, contre les intellectuels dissidents ou les paysans spoliés, la chronique de la répression durant les dernières années illustre le raidissement du régime.

A l'instar de l'URSS, la Chine réclame désormais sa part de gouvernance du monde que mérite sa réussite économique. Dans les années 1970, Moscou parlait de détente ; Pékin rassure en évoquant sa montée en puissance pacifique tout en consacrant des moyens de plus en plus importants à son armement (même si ce budget est encore loin d'égaler celui des Etats-Unis). Si on escamote la part communiste de cette Chine-là, ces parallèles n'ont aucun sens. Mais, jusqu'à preuve du contraire, ce pays reste gouverné par un parti unique, dirigé par des hommes formés à son unique moule, qui gardent la haute main sur l'économie et qui s'en partagent les fruits, de manière quasi héréditaire. Dans ce type de régime, l'essentiel demeure le pouvoir, qui décide de tout.

Il est donc pertinent de se demander si la Chine, aussi mirifique qu'elle nous paraisse, ne risque pas d'être victime du syndrome soviétique, ses dirigeants finissant par être atteints des mêmes maux qui ont conduit à la chute de l'URSS. La combinaison entre notre admiration béate et un pouvoir sans partage, indifférent aux douleurs de son peuple, obsédé par ses intérêts de puissance, le tout attisé par les doutes des pays occidentaux sur le modèle libéral, autant de facteurs qui pourraient déboucher sur des lendemains difficiles.

Le jeu de miroirs entre des communistes chinois trop sûrs d'eux, convaincus par leurs propres statistiques de la réussite de leur régime, et des dirigeants occidentaux obsédés par leurs balances commerciales et leurs déficits, qui ne pensent qu'à les amadouer pour quelques parts de marché, peut faire oublier à Pékin ses fragilités intrinsèques : obsolescence d'une partie de son appareil industriel, discrimination sociale, déséquilibre entre l'offre et la demande, inflation, bulle spéculative, vieillissement de la population, catastrophes écologiques. En somme, tout ce qui caractérise une économie socialiste.

Cet aveuglement réciproque, entre Occident et Orient cette fois, pourrait conduire la Chine à vouloir aller trop loin, comme l'URSS jadis.



RFI编译

中国是否患有苏联综合症

作者 小山
发表日期 17/01/2010 更新日期 17/01/2010 22:42 TU

1月14日法国《世界报》观点栏目刊登一篇署名文章,评论中国强大的背后隐藏着制度性的问题与脆弱,堪比整整半个世纪之前开放时代的苏联。文章作者是历史学家,研究共产主义制度的专家梯耶利・沃尔腾,阐述“中国是否患有苏联综合症”的威胁。本次当今世界节目就来介绍这篇文章。

沃尔腾写道,以5月上海举办世界博览会为标志,2010年将成为中国争取国际地位达到极致的一年。这是北京追求的壮举,将如同2008年夏天尽展辉煌魅力的奥运会那样,世界博览会将又一次尽善尽美的在政府当局的掌控下,也将有众多夸张的词语来赞扬中国超群的成功。然而所有这一切不会不使人回忆联想,半个世纪前,苏联同样开始了一个胜利的时代。上个世纪60年代由1959年9月赫鲁晓夫访问美国而开启,在向世界展示的炫耀活动当中,苏联一号领导人许诺在不久的将来,他的苏联会超过美国。

沃尔腾的文章继续写道,苏联接着开始了宏大的宣传运动来鼓吹这个雄心壮志,推出无数令人惊讶的成功,其中以1961年世界第一人登上月球最为辉煌。[误译。原文l'envoi en 1961 du premier homme dans l'espace,“1961年第一次把人送进太空。”]其后的20年,苏联提供浮夸的数据来吹嘘小麦,钢铁等生产的产量,证实社会主义生产无可非议的优越性。

人们只是现在才知道克里姆林宫设立了一个办公室,专门提供让西方惊羡苏联如此成功的数据。宣传攻势甚至包括作出对国内解冻的姿态,派出苏联招牌团体,像红军合唱团到西方去访问。今天重读当时相信苏联在20世纪末就会成为超级大国的报道,人们在莫斯科的意志力量和西方无以伦比的幼稚面前不得不感到惊叹。重新回忆苏联的“公关行动”如此成功很有意义,苏联也相信自己的宣传,在西方人信以为真的苏联不可战胜的形象面前沾沾自喜。60年代和70年代,苏联和社会主义阵营在国际舞台上明显不断的强大留下深刻的烙印,直到1979年苏联入侵阿富汗。由于西方阵营陷入因1973年第一次石油危机引发的经济困境,同时由于1975年越南战争失败而带来的精神危机,反衬苏联强大更显得特别耀眼。

国际力量对比问题上,苏联号称是真正的能与美国争雄的世界领袖;而在国内,因为世界大国的脸面要求,必须有的“有限开放”引来一些抗议,这些抗议被无情镇压,(1968年的捷克反抗,抓捕持不同政见者),这样的事件经常在西方国家不想跟苏联关系弄僵的担心而下不闻不问中发生。

这里存在某种让所有人都受害的逻辑:遭受共产主义制度磨难的人民不能或很少能够指望西方的支持;西方的舆论被新闻报道吹嘘的苏联大国威力所迷惑;西方大国领导人对苏联的胆怯又反过来鼓动克里姆林宫去追求更多的优势;最后就是苏联领导人自己也忘记他们的政权是多么的脆弱。结果当然是众所周知的。

《世界报》署名文章指出,目前的“中国狂热”要远比当年的“苏联狂热”更强烈的多。近年来,“中国狂热”又让人回顾起之所以使苏联辉煌的某些因素而得到进一步加强,其中包括以可观的数据加重强调的杰出经济成果;西方的某种文化,某种甚至多种多样的生活方式,对中国来说就像是异国情调的诱惑;国际舞台上日益强大的形象,甚至这种地位又是其他大国以平等的名义而希望实现的。中央帝国将在本世纪中叶之前主导全球的预言,已经成为老生常谈,而再度进入危机的西方世界则更加让人相信这一说法。

沃尔腾接着写道,中国与昨日的苏联相比如此之遥远而在二者之间建立平行的关系成为偶然;然而,苏联和中国在20世纪大部分时间里走过同样的路程,而且哪怕他们的道路不同,但是他们所执行却是相同的政治路线,并且来自同一个意识形态。毛的双手所沾的鲜血并不亚于斯大林,毛泽东与斯大林均使用恐吓群众来维持他们的绝对权力。

其后,沃尔腾又说,就连笑口常开[不确。原文jovial,开朗。]的邓小平也让人想起温文尔雅[误译。赫鲁晓夫怎么都谈不上温文尔雅。原文为débonnaire,宽厚、温厚。相对于斯大林的冷酷、阴险,赫鲁晓夫显得热情、厚道。 ]的赫鲁晓夫,这两位人物都幻想使停滞不前的社会主义经济利用西方科技腾飞。沃尔腾强调指出,从90年代开始,中国的魅力攻势与六七十年代的苏联没有共同点。[误译。原文为n'est pas sans similitude avec ...,“不是没有相似之处”。]诚然,目前的中国领导人与1985年戈尔巴乔夫上台之前克里姆林宫顽固不化的老领导人不同。但是正因为如此,难道目前中国领导人的活力不让人或多或少让人想起戈尔巴乔夫的那种试图用最后的一点希望来挽救共产主义制度的一意孤行吗?当然,应该承认中国领导人在这一点上要比戈尔巴乔夫强。[此说肤浅。论活力,比起勃列日涅夫、苏斯洛夫,十常侍率皆仿佛参差。而80年代初苏联尚有切尔年科、安德罗波夫等大老,是能提携戈氏,令图维新。今国朝真无首脑之行尸矣。]

比较并不见得就对,但是同一性质的制度可以产生相同的政治表现。真可惜中国共产党是第一个唯物主义的以马列主义为指导思想的政党,有能力演变,但仍然是个独裁的政党,产生条件反射式的警察反应,在西藏和新疆问题上如此,对异见知识分子如此,对被掠夺的农民也是如此,而且近些年来的镇压也充分证明中国政权愈来愈强硬。

以苏联为榜样,中国如今也要求其经济成功所应赢得的治理世界的权力。在70年代,莫斯科曾谈到缓和;北京则保证和平发展,但同时却不断增加军费开支(哪怕中国军费与美国军费相比还相距甚远)。如果避而不谈中国的共产党的话,那么这些相似之处就没有意义了。但恰恰是中国在一党统治之下,由一个模式训练教育出来的人所领导,他们牢牢控制着经济,以世袭的方式瓜分经济成果。在这样的制度下,权力是灵魂,权力决定一切。

所以应当试问,尽管中国显现百般奇妙,中国是不是有患苏联综合症的危险,中国领导人是不是也患有苏联领导人的病痛,而这些病痛最终导致苏联垮台。我们目瞪口呆的崇拜正与这个绝不分享的权力结合在一起,这个政权无视人民的痛苦,只顾权力的利益,这一切再加上西方国家对自由体制的怀疑,有很多可能会导致困难的明天。

研究共产主义制度的历史学家沃尔腾在《世界报》的文章中还说,这种对自己过分肯定,确信自己的政权成功的自己的统计数字的中国共产党与只关心贸易平衡和逆差,只想着以阿谀奉承的办法赖分一羹中国市场的西方领导人之间的哈哈镜游戏,会让北京忘却内部的脆弱:落后的某些工业,社会分化,供求失衡,通货膨胀,投机泡沫,人口老化,环境灾难等问题不断。

总而言之,这都是社会主义经济的特点。而这次西方与东方之间的相互盲目,可能会导致中国像过去的苏联一样,理想远远超过现实。

沒有留言: