解放報惡搞
POLITIQUES 09/11/2009 À 16H09 (MISE À JOUR À 17H05)
Où était Nicolas Sarkozy le 9 novembre 1989?
http://www.liberation.fr/politiques/0101602055-ou-etait-nicolas-sarkozy-le-9-novembre-1989
Où étaient Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon le 9 novembre 1989? A Berlin, en train de donner «quelques coups de pioche» dans le Mur? C'est ce qu'a expliqué le président de la République dimanche, une version accréditée par François Fillon ce lundi, qui n'hésite pas pour l'occasion à convoquer un témoin fictif... Quant à Alain Juppé, il se fait désormais bien plus prudent et évoque une date ultérieure. Explications.
La version élyséenne
Dans un post mis en ligne dimanche à 13h44 sur sa page Facebook, le président de la République raconte ses «souvenirs de la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989». Alors secrétaire général adjoint du RPR, Nicolas Sarkozy ne manque pas de détails sur cette journée historique.
«Le 9 novembre au matin, nous nous intéressons aux informations qui arrivent de Berlin, et semblent annoncer du changement dans la capitale divisée de l'Allemagne. Nous décidons de quitter Paris avec Alain Juppé ...pour participer à l'événement qui se profile. Arrivés à Berlin ouest, nous filons vers la porte de Brandebourg où une foule enthousiaste s'est déjà amassée à l'annonce de l'ouverture probable du mur. Là, par le plus grand des hasards, nous croisons un jeune élu français que nous connaissions, à l'époque spécialiste des questions de défense : François Fillon. Nous filons ensuite vers Check Point Charlie pour passer du côté est de la ville, et enfin confronter ce mur dans lequel nous avons pu donner quelques coups de pioche.»
La version d'Alain Juppé, n°1
Sur son blog, dans un post daté du 7 novembre, l'ancien Premier ministre relate sa journée du 9 novembre 1989. Une version qui cadre avec celle du chef de l'Etat. «En novembre, j'étais de nouveau à Berlin, avec ma petite équipe du RPR, dont Nicolas Sarkozy. Le 9 au soir, il gelait à pierre fendre. Nous avons franchi le mur à Check Point Charlie... Sans contrôle cette fois. Sur la place de Brandebourg, nous avons rencontré un jeune soldat qui montait sa garde en battant la semelle. Son visage était ensoleillé d'un grand sourire. Je lui ai demandé pourquoi. "Demain, je passe à l'Ouest pour la première fois de ma vie", m'a-t-il répondu, heureux.» Une vidéo postée sur le compte Dailymotion de la ville de Bordeaux accrédite plutôt cette thèse, même si Juppé ne mentionne pas de date précise dans son intervention.
L'AFP a également recueilli le récit de Philippe Martel, chargé en 1989 de l'international au RPR, qui confirme le récit présidentiel. «Le matin du 9 novembre - j'ai vérifié dans mon agenda 1989, j'ai l'âme d'un archiviste, j'ai tous mes agendas - j'ai été appelé par un copain de promotion de l'ENA, François Laquièze, qui travaillait au sénat de Berlin, nom qu'on donnait au conseil municipal. Il me dit: "ça bouge énormément à Berlin, j'ai l'impression que le Mur va tomber, on ne sait pas s'ils vont tirer".
Mais mon copain était optimiste. Je préviens Alain Juppé qui me dit: on y va, on emmène Sarkozy, qui était secrétaire général adjoint du RPR et dont Juppé savait qu'il était intéressé par les affaires internationales». Également du voyage, Jean-Jacques de Peretti, membre du comité exécutif du RPR.
«On veut prendre un avion. Tous les vols commerciaux sont pleins, alors on loue un avion privé (...), poursuit Philippe Martel. De la mairie, nous sommes allés porte de Brandebourg, il faisait nuit. Il y avait du monde, continue-t-il. Là, on croise François Fillon qui était tout seul. On n'a pas été étonnés de le voir, car il était un grand spécialiste de défense et de relations internationales. On est partis à Check point Charlie et là, on a rencontré une famille allemande qui, en nous entendant parler, nous a abordés - c'était des francophones, un couple avec enfant - et nous a dit: "la liberté est en marche, n'ayez pas peur de la réunification allemande".
C'est eux qui nous ont prêté un burin et c'est là qu'on a fait les photos. Il était vers 23h00, on a fait comme les autres Allemands, on a cassé du mur. On est passés à l'est, dix minutes plus tard. On est tombés sur des vopos avec qui on a parlé. On est restés peut-être deux heures à l'est, puis on est retournés à l'ouest. On avait loué une chambre près de l'aéroport. On a dormi 2 heures et le 10, on est rentrés à Paris».
Le Premier ministre François Fillon a également confirmé ce lundi avoir croisé Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et Philippe Martel à Berlin, le 9 novembre vers 23 heures. «Et puis ensuite, avec les personnes qui m'accompagnaient, nous avons vers minuit passé le Check Point Charlie et nous avons retrouvé de l'autre côté une équipe de télévision de TF1 qui était conduite par Ulysse Gosset. Et nous sommes allés ensemble dîner dans un restaurant à Berlin est. Vous savez tout.» Sauf qu'Ulysse Gosset, ce fameux 9 novembre, est à Moscou, où il travaille comme correspondant permanent.
La version d'Alain Juppé, n°2
Se serait-il précipité? Le récit d'Alain Juppé sur «son» 9 novembre 1989 a en tout cas été modifié lundi sur son blog. Beaucoup moins affirmatif, le maire de Bordeaux précise désormais, entre parenthèses, qu'il était à Berlin «le 9 au soir (ou quelques jours plus tard, ma mémoire est imprécise sur la date exacte)». Même prudence dans un entretien à TV5 Monde: «il se trouve qu'à ce moment là, le 10 ou le 11 novembre, je me souviens plus exactement, j'étais à Berlin avec quelques amis, nous avons franchi le mur...».
Encore plus intéressant, un article du 10 novembre 1989 exhumé par Le Figaro. On y apprend qu'Alain Juppé était présent à Colombey-les-deux-Eglises le 9 novembre - le jour où il était censé être à Berlin, donc - pour célébrer le 19e anniversaire de la mort du général de Gaulle.
La version d'Alain Juppé, n°3
Alain Juppé avait déjà raconté son mois de novembre 1989. Petit problème: les dates qu'il évoquait alors ne correspondent pas exactement à celles avancées aujourd'hui par le chef de l'État. Ainsi, dans son livre «La tentation de Venise» paru en 1993, Juppé relate tous ces épisodes avec précision mais en les datant du 16 novembre. Rien n'est mentionné entre le 2 et le 16, dans cet ouvrage en forme de journal de bord.
Une dépêche AFP datée du 17 novembre 1989 fait état d'une déclaration du secrétaire général du RPR au retour d'«une visite express à Berlin», où il qualifiait la chute du mur d'«événement historique» dont il ne «faut pas avoir peur». Un article de l'époque du Figaro évoque la même date.
Enfin, une biographie non-autorisée de Juppé, publiée en 2001, et dont le blog Offnotes publie un extrait, fait ce récit: «Lorsqu'il retourne à Berlin six mois plus tard, le 16 novembre, avec François Léotard et Alain Madelin, Alain Juppé découvre un autre univers. Là, il touche les quelques pans de mur encore debout, passe de "l'autre côté", tandis que des Allemands de l'Est accélèrent à coups de pioche la désagrégation de quarante années de honte. Onze ans plus tard, il se souvient encore "d'un jeune soldat dont le visage rayonnait de bonheur"».
Ultime rebondissement (?), Alain Juppé publie ce lundi après-midi une nouvelle note sur son blog, dans laquelle il se dit sidéré par la violence des attaques dont il est victime. Quant aux dates, il ne tranche pas: «9 novembre ou quelques jours plus tard ? Quelle affaire ! Les personnes qui m'accompagnaient sont formelles: c'était le 9. Dans la "Tentation de Venise" qui remonte à 1993, je parle du 16. Je ne me suis pas depuis replongé dans mes agendas de l'époque.»
Mur de Berlin: après Sarkozy, Fillon met aussi sa photo sur Facebook!
http://www.lepost.fr/article/2009/11/10/1784242_mur-de-berlin-apres-sarkozy-fillon-met-sa-photo-sur-facebook.html
Par pierre-alain
le 10/11/2009 à 16:48, vu 1677 fois, 15
Pour soutenir la version de l'Elysée, le Premier ministre a posté ce cliché sur son profil. Le hic: son récit ne colle pas non plus avec la chronologie...
François Fillon devant le mur de Berlin (Photo de son compte Facebook)
Contrairement à ce qu'il a écrit dimanche sur son profil Facebook, Nicolas Sarkozy n'était pas à Berlin le 9 novembre 1989, lors de la chute du Mur, mais le 16, comme l'a démontré Le Monde.fr dès lundi soir.
Du coup, pour soutenir la thèse de l'Elysée, le Premier ministre François Fillon a posté lundi soir, vers 21h30, sur son profil Facebook, une photo où on le voit en train de donner un coup de pioche dans le Mur.
Etrangemment, cette photo ressemble à celle mise en ligne dimanche par Nicolas Sarkozy, remarque 20 minutes.fr.
Dans la légende de la photo, François Fillon explique qu'il se trouvait "à Berlin depuis le 7 novembre" pour participer "à un colloque organisé par l'Université Libre de Berlin et l'Institut des relations internationales de RDA sur les relations est-ouest".
François Fillon écrit encore: "J'étais d'ailleurs en compagnie d'autres parlementaires. Nous avons passé toute l'après midi et toute la soirée à assister aux premières grandes manifestations autour du mur, et vers 23h, nous avons croisé entre la porte de Brandbourg et le Check Point Charlie, Alain Juppé qui était accompagné de Nicolas Sarkozy et de Philippe Martel. Nous avons bavardé quelques minutes ensemble et puis ensuite, avec les personnes qui m'accompagnaient nous avons, vers minuit, passé le Check Point Charlie. Quand on était sur place on a compris qu'il se passait quelque chose d'immense, et moi je l'ai interprété comme un grand moment d'espoir, l'espoir que enfin la séparation de l'Europe allait s'achever."
François Fillon veut donc dire qu'il serait resté à Berlin du 7 au 9 novembre 1989. Mais comme l'a montré Libération.fr, PDF à l'appui, cette version pose problème car le 8, il était à l'Assemblée nationale...
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