2009年8月20日 星期四

Google-BNF,

le pacte des sous
L’annonce de négociations avancées entre la bibliothèque nationale et le moteur de recherche provoque de vives réactions.


par Erwan Cario
http://www.ecrans.fr/Google-BNF-le-pacte-des-sous,7913.html

C’était un des grands bastions de résistance aux velléités quasi hégémoniques de Google dans le domaine du livre. Et il est peut-être sur le point de céder. La Bibliothèque nationale de France (BNF) serait, d’après le quotidien la Tribune de mardi, sur le point de signer un accord avec le géant du Web pour la numérisation de sa collection. Une grande victoire pour Google quand on se souvient de la virulence avec laquelle, en 2005, Jean-Noël Jeanneney, alors président de la BNF, avait combattu la firme américaine. Dans une tribune publiée par le Monde (« Quand Google défie l’Europe »), puis dans un essai du même nom, il avait pris une position sans ambiguïté : il fallait numériser, mais sans se compromettre avec Google.

C’est Denis Bruckmann qui a allumé la mèche dans le quotidien économique. Le directeur adjoint et directeur des collections de la BNF y affirme : « Nos négociations avec Google pourraient aboutir d’ici à quelques mois. » Avançant comme principale justification le caractère coûteux du processus : « Pour numériser les fonds de la IIIe République, il nous faudrait entre 50 et 80 millions d’euros. » Et le Centre national du livre ne finance la numérisation qu’à hauteur de 5 millions d’euros par an. En face, Google le fait gracieusement, en contrepartie de l’exclusivité de l’indexation sur le Net pour la recherche.

Du côté de la BNF, on explique s’être un peu étranglés à la lecture de la double page de la Tribune : « Il n’y a aujourd’hui vraiment rien de concret de ce côté-là. La BNF est un acteur majeur de la numérisation. Du coup, nous discutons avec tout le monde, que ce soit Europeana [projet européen de portail web d’accès aux fonds culturels numérisés, ndlr], Microsoft ou Google. Nous ne sommes pas opposés à des partenariats privés, mais ils ne pourront se faire qu’à nos conditions, qui n’ont pas bougé depuis très longtemps. »

Au ministère de la Culture, l’article a aussi du mal à passer. A tel point que Frédéric Mitterrand s’est senti obligé de diffuser un communiqué à propos de « sa volonté d’inscrire la numérisation du patrimoine culturel de l’Etat dans une stratégie globale ». Sans évoquer ni la BNF ni, évidemment, Google. Mais en rappelant son attachement aux droits d’auteur.

Car c’est un des points un peu explosifs de l’affaire. En effet, si discussions il y a, elles ont lieu au moment où Google tente de se dépêtrer d’une situation conflictuelle avec les éditeurs américains. Ces derniers n’ont pas apprécié que le moteur de recherche s’amuse à numériser des ouvrages protégés par le droit d’auteur (sans pour autant les mettre à disposition du public). Un accord a été trouvé, mais un tribunal doit encore statuer sur sa validité. Et, quelques semaines avant le retour d’Hadopi à l’Assemblée nationale, l’idée même d’un pacte culturel avec Google aurait sans doute fait un peu tache.

Ce que révèle l’affaire, c’est avant tout l’importance des contraintes économiques sur les projets de numérisation du patrimoine. Que ce soit pour le livre ou pour l’audiovisuel, géré par l’INA, numériser, stocker et rendre accessible coûte très cher, mais reste indispensable pour la conservation et l’accès du public. Face à ce chantier, soit on accepte qu’il dure plusieurs décennies, soit la France et/ou l’Europe débloquent quelques dizaines de millions d’euros supplémentaires par an, soit on se résigne à faire appel à un partenaire privé - Google est sur le sujet presque incontournable - qui se charge d’une partie de l’opération. En y trouvant, bien sûr, son propre intérêt.

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