Polémique autour de la non-rencontre entre le Dalaï Lama et N. Sarkozy
jeudi 7 août 2008 par Redaction Tibet Info (JMB)
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La visite en France du Dalaï Lama en août n’était "pas le moment" pour une rencontre avec le président Nicolas Sarkozy, a déclaré le 8 août le Bureau du Tibet à Paris, qui a confirmé qu’une telle rencontre était toutefois envisagée avant la fin de l’année.
"Nous travaillons avec les collaborateurs du président Sarkozy pour une rencontre cette année, mais plus tard", a déclaré à l’AFP M. Wangpo Bashi, secrétaire du Bureau du Tibet à Paris, représentation officielle du Dalaï Lama en France.
Le 7 août, l’Elysée avait annoncé que M. Sarkozy ne verrait pas le chef spirituel tibétain lors de son séjour en France du 11 au 23 août, au moment où se tiennent les Jeux olympiques de Pékin.
"Il est vrai que sa Sainteté n’a pas souhaité rencontrer [1] le président Sarkozy lors du voyage du mois d’août 2008 dans la mesure où ce sont les dates des JO à Pékin, que Sa Sainteté a soutenus de manière tout à fait constante et cohérente", a indiqué M. Bashi.
Wangpo Bashi a estimé que cette rencontre aurait pu "pénaliser les discussions en cours entre les parties tibétaines et chinoises, et aussi la situation au Tibet où la situation est encore très tendue".
"Ce n’est vraiment pas de très bonnes dates", a encore déclaré le secrétaire du Bureau du Tibet. "Ce n’est pas le moment, c’est tout, mais sa Sainteté souhaite sincèrement le rencontrer et le président Sarkozy a sincèrement la volonté et l’intention de rencontrer (le Dalaï Lama), il l’a dit, il l’a redit, ça ne change pas", a ajouté M. Bashi.
Le fait que Nicolas Sarkozy et le Dalaï Lama ne se rencontrent pas a cependant provoqué de nombreuses polémiques dans la classe politique française. Quelques exemples :
- Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, juge l’attitude de N. Sarkozy "confuse" et "sans courage".
- Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande, a regretté dans un communiqué "un renoncement de plus".
- Julien Dray, porte-parole du PS, s’est pour sa part étonné que Nicolas Sarkozy délègue symboliquement son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, à une cérémonie religieuse présidée par le chef spirituel tibétain [2]. "Ceci illustre une période de confusion des genres dans la politique étrangère de la France", a-t-il jugé dans un autre communiqué.
- Indiquant avoir eu un entretien téléphonique le 6 août soir avec le chef de l’Etat, M. Cohn-Bendit a affirmé à l’AFP : "Sarkozy m’a dit que toute sa stratégie est négociée avec le Dalaï Lama ou ses représentants". "Sarkozy et le Dalaï Lama se sont mis d’accord sur une stratégie qui est : ne pas provoquer les Chinois pendant les Jeux olympiques", a expliqué l’élu écologiste sur le site Rue 89. "C’est une stratégie perdante, c’est donner toujours raison aux Chinois", a-t-il jugé.
- "Pendant les Jeux olympiques, on n’attise pas les conflits, au contraire on essaie de les apaiser", a plaidé l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (UMP).
- De son côté, un porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, a affirmé qu’une rencontre entre M. Sarkozy et le chef spirituel tibétain aurait lieu "avant la fin de l’année", assurant que le président français avait "fait le choix du coeur et de la raison".
Le chef de l’Etat a par ailleurs transmis à Pékin, au nom de l’Union européenne, "une liste de cas individuels de prisonniers et défenseurs des Droits de l’Homme", a annoncé le ministère des Affaires étrangères.
Selon Daniel Cohn-Bendit, qui avait fourni une liste de noms à l’Elysée, Nicolas Sarkozy se donne jusqu’au "sommet Union européenne-Chine en décembre pour faire avancer ce dossier".
Sources : AFP 07 août 2008
De son côté la Communauté tibétaine en France a publié le communiqué suivant :
"Par un communiqué officiel de l’Elysée, en date du 06 août 2008, à la veille de son départ pour participer à la Cérémonie d’ouverture des JO de Pékin en Chine, le Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy, a fait connaître son intention de ne pas recevoir le chef temporel et spirituel du peuple tibétain, Sa Sainteté le Dalaï Lama, lors de sa visite en France du 12 août au 23 août 2008.
Les Tibétains de France apprennent cette nouvelle de l’Elysée avec une profonde tristesse, une déception née de l’incompréhension de la politique française sur la question du Tibet. Les enjeux actuels concernent pourtant la survie et l’avenir politique de six millions de Tibétains. Les efforts et attentes de l’ensemble des ONGs et des associations françaises de défense des Droits de l’Homme sont tombés à l’eau.
Surtout, au moment où, sous l’égide de "la Communauté Tibétaine de France et ses Amis", depuis quatre mois circule une pétition à l’intention du Président de la République française. Cette pétition a réuni à ce jour quinze mille signatures en faveur d’une rencontre entre Sa Sainteté le Dalaï Lama et le président, Monsieur Nicolas Sarkozy. Malgré de nombreux appels depuis un mois, la Communauté Tibétaine de France n’a toujours pas de réponse quant à sa demande de rendez-vous à l’Elysée.
Ce développement, sera assurément une très mauvaise nouvelle pour l’ensemble des citoyens sympathisants du Tibet ainsi que pour le groupe parlementaire français de soutien au Tibet [3] et nous le regrettons."
[1] NdR Le Dalaï Lama a fréquemment par le passé répété qu’il ne souhaitait pas provoquer de problèmes ou polémiques lors de ses visites dans des pays hôtes.
[2] Carla Bruni-Sarkozy sera présente le 22 août à l’inauguration du temple de Lérab Ling, lors d’une cérémonie non ouverte au public.
[3] Groupes parlementaires sur la question du Tibet :
- Groupe d’information sur le Tibet au Sénat
- Groupe d’études sur le Tibet à l’Assemblée nationale
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