LE MONDE 05.08.08 10h43 • Mis à jour le 05.08.08 10h47
AFP/PETER PARKS
A Kashgar, beaucoup ont à peine entendu parler de l'attaque du 4 août. L'événement ne fait pas les gros titres à Urumqi comme dans le reste de la Chine.
[不为别的,我喜欢法新社这张照片。]
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/08/05/au-xinjiang-temoignages-et-questions-sur-l-attentat-de-kashgar_1080261_3216.html#ens_id=1077533
KASHGAR (province du Xinjiang), ENVOYE SPECIAL
Une toile tendue sur l'entrée d'un hôtel miteux, quelques morceaux de carrelage du trottoir arraché, l'endroit où eut lieu, lundi 4 août, une attaque contre un groupe de policiers qui faisaient leur jogging, en plein centre de Kashgar, dans la province du Xinjiang, ne laisse rien voir du carnage qui s'y est déroulé : pas de cordon sanitaire, ni de couronnes de fleurs, pas même de policiers. On les aperçoit à peine dans des voitures qui patrouillent le quartier.
Un Chinois Han qui tient l'estaminet situé sur le trottoir où périrent les 16 policiers n'a rien vu, il était trop tôt quand l'attaque a eu lieu, il a juste constaté en arrivant qu'un arbre avait disparu. A l'hôtel Bangchen, situé juste en face, les groupes de touristes ou hommes d'affaires chinois continuent d'arriver comme si de rien n'était.
Un touriste polonais qui logeait la veille dans l'hôtel, cité par l'Agence France-Presse, a vu de sa chambre une partie de la scène : deux hommes auraient bien dirigé leur camion sur le groupe, lançant des explosifs, puis sortant du véhicule pour attaquer les policiers en train de courir, avec ce qui ressemblait à des machettes. Il y avait du sang partout, une demi-douzaine d'hommes à terre. Les deux attaquants, a signalé le témoin polonais, mais aussi un autre client chinois de l'hôtel, portaient des uniformes de policiers.
DES CONTRÔLES PERPÉTUELS
A Kashgar, beaucoup ont à peine entendu parler de l'attaque – et n'ont rarement plus d'informations que celles, lapidaires, diffusées dans les médias officiels. L'événement, c'est peu dire, ne fait pas les gros titres à Urumqi comme dans le reste de la Chine.
Un Ouïgour qui travaille pour un média de Kashgar est au courant car il a dû revenir d'urgence d'Urumqi où il prenait des jours de congés. Il est fonctionnaire, et on le réquisitionne.
La période des Jeux olympiques, dit-il, a aggravé les tensions au Xinjiang. Même lui, pourtant fonctionnaire, n'hésite pas à dénoncer les contrôles d'identité perpétuels dans la rue et à domicile, les restrictions qui s'appliquent aux déplacements : "On ne nous permet pas d'aller à Pékin", dit-il. Quand à sortir de Chine, c'est pire : "Vous n'avez pas le droit de garder votre passeport chez vous." Il reste entre les mains de la police.
Les autorités chinoises n'ont pas donné de détails sur l'identité des assaillants, affirmant seulement qu'ils étaient ouïgours.
Seul le China Daily citait, mardi, un spécialiste chinois du terrorisme qui voyait dans l'attaque la main du Mouvement islamique du Turkestan (ETIM) – peu actif, mais qui a l'avantage d'être connu à l'étranger, Pékin l'ayant fait inscrire sur la liste des Nations unies des organisations terroristes en 2001 pour ses liens présumés avec Al-Qaida : "Les actions de ce type sont typiques des années 1990, vous aviez de jeunes militants radicalisés qui profitaient d'un événement lambda pour tenter de faire parler du problème ouïgour en réalisant un coup d'éclat – sanglant cette fois. On n'est pas dans une logique de guérilla, impossible vu le contrôle actuel, mais simplement dans une logique de 'faire un coup'." Difficile de savoir s'il s'agit de membres d'une cellule locale de l'ETIM, ou de membres de réseaux nationalistes radicalisés.
"L'usage de grenades implique leur fabrication si elles sont artisanales, leur vol ou bien leur achat, il peut y avoir un réseau derrière – sans que l'on puisse non plus exclure le cas de quelques jeunes ayant décidé d'agir seuls", analyse Rémy Castets, spécialiste du Xinjiang au Centre d'études et de recherches internationales.
Brice Pedroletti
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